Puiser dans le répertoire folklorique veut dire se replier sur sa propre terre et ses propres mémoires, dans la tentative désespérée de rejoindre les racines menacées du vivre humain : sens d’existence, faim, soif, mien, tien, éternité, mort… soit la vie jusqu’aux limites qui la rendent tragique.
Transcrire un chant traditionnel, c’est le recréer, c’est-à-dire éclairer d’une lumière tout à fait personnelle une mélodie ou un rythme appartenant à une tradition séculière. L’orchestration devient dans ce cas-là l’instrument d’analyse de cet archétype, et l’invention demeure souvent dans l’idée, pas complètement aboutie, de reconstituer une atmosphère populaire avec ses sons, ses bruits, son énergie. Mon propos, c’est de réaliser tout cela à travers des moyens appartenant à la culture classique occidentale, qui arrivent à transfigurer poétiquement les matériaux de base.